Un certain 14 juillet
14 07 2009Aujourd’hui, c’est la fête nationale à n’en point douter. On a l’habitude de dire que cette date commémore la prise de la Bastille. Pourquoi avoir retenu cet évènement ? En fait, on aurait très bien pu l’attribuer à la Fête de la Fédération, où Louis XVI prête serment devant la Constitution (un 14 juillet 1790)… ou à l’attribution de la première Légion d’honneur… Il faudra attendre 1880 pour qu’elle soit choisie par le Sénat (les débats furent houleux, on s’en doute). Le plus intéressant, c’est le mythe autour de la prise de la Bastille. Regardons cette image :
Les assaillants brandissent piques et fusils… et quelques canons (cinq en réalité). Et ils prennent la forteresse ?! La société de l’époque copie cette scène des dizaines de fois (il suffit d’entrer « Prise de la Bastille » dans un moteur de recherche d’images). A qui ferait-on croire pareille sornette? Pourquoi faire de la Bastille un symbole ? Les révolutionnaires ont pris l’habitude de détruire tout ce qui rappelait l’Ancien Régime (des chartes aux clavecins) et cette forteresse médiévale à la limite de Paris en est le symbole rêvé quand Ancien Régime rime avec féodalité et privilèges. Heureusement que le château de Vincennes était trop loin…
Le siège fut court, contrairement à ce que laisse penser l’image : on les laissa rentrer ou presque. La soixante de gardes qui défendaient la Bastille ne tira qu’une seule fois sur les assaillants durant les 5h30 du conflit. Un véritable assaut (sic) où les révolutionnaires se vantèrent d’avoir égorgé tout opposant après quoi ils défilèrent avec la tête du gouverneur de la Bastille Launay brandie sur une pique (ils l’avaient trainé, battu et insulté au préalable) ! La propagande par l’image n’est pas chose neuve…
Aussitôt à l’intérieur, les révolutionnaires auraient libéré des dizaines de prisonniers… Il n’en restait qu’une poignée, en réalité : un fou, quelques faussaires, un noble incestueux et un complice de François Damiens, le régicide de Louis XV. Le roi n’avait pas attendu les révolutionnaires pour prendre la décision de la démolir. Les insurgés auront été plus rapides ; en attendant son triste sort, elle servait davantage d’entrepôt que de prison. Si bien que les révolutionnaires, persuadés d’arriver dans un endroit de supplices, virent des tas de machines en fer entreposées dans les caves. Elles furent aussitôt démolies car il s’agissait officiellement d’instruments de torture. En fait, ils venaient de détruire des presse à imprimer qui ne servaient plus…
Et au Roi de noter dans son journal, ce 14 juillet 1789 : « Rien » (Comprenons aucune partie de chasse, aucun banquet… il était loin d’être aussi stupide que l’historiographie a cherché à nous le faire croire).
Voilà quelques anecdotes, loin du mythe toujours tenace… Non, ne levez pas les sourcils : lorsqu’en 2007 Nicolas Sarkozy fête sa victoire sur la place de la Concorde (ancienne place de la Révolution, baptisée ainsi par les révolutionnaires) où s’amassent des opposants à son élection ? Sur la place de la Bastille. Un hasard ? Une image forte pour les deux parties.
Enfin, je ne peux que vous conseiller de regarder pour la énième fois Si Paris m’était conté de Sacha Guitry où le passage sur la prise de la Bastille est particulièrement bien mis en scène par la démythification du réalisateur.
Anecdote : comme je l’avais déjà évoqué l’an dernier, Manneken Pis, à Bruxelles, revêt un costume pour l’occasion. Après le mousquetaire du roi l’an dernier, le voici cette année en Polytechnicien de Palaiseau.
Tu a bien raison, monsieur de l’Estro (fais gaffe avec ta particule en ce jour, on ne sait jamais ;o) !), de rappeler que même dans l’esprit des Français, la raison pour laquelle ils ne travaillent pas (car pour beaucoup, le 14 juillet se résume à ceci) aujourd’hui reste pour le moins floue. J’en avais parlé, il y a déjà deux ans, dans un billet dont je te donne le lien : http://jardinbaroque.mabulle.com/index.php/2007/07/14/75942-bastilles
Merci à toi de réveiller quelque peu nos mémoires plongées dans la torpeur estivale qui s’est emparée d’elles.
Amitiés à toi et, je l’espère, à bientôt.
Tu as eu raison de poster ton lien : la musique m’avait énormément séduite et je m’étais rué sur le disque du Concerto Köln. La pochette rappellera des souvenirs.
Monsieur de l’Estro qui te salue bien bas !
kGOQ
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